Comment favoriser le locavorisme

Comment favoriser le locavorisme

Le locavorisme : comment favoriser ce mode de consommation ?

Depuis quelques années, une nouvelle façon de s’achalander est apparue : le locavorisme. Tout droit venue de San Francisco, cette tendance a été impulsée par trois femmes en 2005 lors de la Journée mondiale de l’environnement. Toutes les trois sont cuisinières et l’une d’elles, Jessica Prentice, est aussi écrivaine. Elles ont eu l’idée ingénieuse de se procurer les matières premières dans un rayon limité autour de chez elles. Puis, elles ont proposé à des volontaires de tenter une expérience et de faire de même : se nourrir exclusivement avec des produits locaux pendant un mois. Devant l’engouement national puis international, des communautés de locavores ont commencer à se créer et leur nombre est aujourd’hui en constante évolution. Mais, en quoi consiste exactement le locavorisme ?

Le locavorisme : quesaco ?

Comment favoriser le locavorisme

Le challenge est simple : trouver de quoi se nourrir à moins de cent-soixante kilomètres de chez soi, avec l’acceptation d’une fourchette un peu plus large suivant le lieu d’habitation soit jusqu’à deux cents kilomètres. Le but n’est pas moins aisé à comprendre : revenir à des produits locaux plus sains et faire ainsi travailler et vivre les petits producteurs. Au-delà de cette priorité, il s’agit aussi de créer un lien social et de valoriser un savoir-faire existant. Tous les métiers de bouche sont concernés : maraîchers, bouchers, boulangers, volaillers, fromagers, primeurs, poissonniers, apiculteurs, chocolatiers, glaciers … il est possible de se procurer toutes ces denrées localement. Les artisans ne sont pas en reste et certains fournissent localement, savons, pulls en laine, objets en bois ou autres souvenirs artisanaux …

Exit donc les grandes surfaces et leurs rayons de fruits exotiques venus de contrées lointaines par avion ou par bateau ou de légumes et de fruits hors saison sans saveurs. Le retour aux produits de saisons et cultivés aux alentours est de mise.

Cette nouvelle façon de consommer ne présente pratiquement que des avantages. Les deux seuls inconvénients majeurs seraient notamment les prix peut être un peu plus élevés et le manque de choix ou la rupture de stock parmi les produits proposés. Les maraîchers notamment ne sont pas à l’abri d’une récolte moindre dû principalement à une météo capricieuse.

Mais, à contrario, la liste des bénéfices est longue. Les différents scandales sanitaires ont en effet poussé les français à une grande méfiance et la connaissance du produit et son origine sont devenues primordiales. Et que ce soit sur les marchés ou dans des magasins dédiés aux producteurs locaux, les vendeurs ne sont pas avares de détails sur la façon dont tels ou tels légumes ou fruits ont été cultivés. De même, un boucher ou un volailler pourra vous détailler avec précision la nourriture de ses animaux et la manière dont il les élève. La visibilité est donc plus grande quant aux conditions de production ou d’élevage. Les échanges naissent à nouveau entre producteurs et consommateurs, rassurants l’un sur la qualité des produits de l’étal et l’autre sur un retour au local.

Chez le maraîcher par exemple, la saisonnalité impose, notamment pendant la période d’hiver, un choix restreint de légumes. C’est le moment parfait pour découvrir ou redécouvrir des légumes anciens oubliés depuis longtemps. Ainsi, panais, crosnes, topinambours, cerfeuil, rutabaga, ortie, scorsonère … refont une apparition remarquée. Les producteurs, devant l’étonnement et les questions des acheteurs, ont d’ailleurs souvent la gentillesse de glisser des recettes pour nous permettre « d’amadouer » ces légumes étonnants. Conséquence transverse et non des moindres du locavorisme : le rapprochement des générations ! Les grands-parents auront forcément des souvenirs liés à ces légumes anciens. Parents et enfants trouveront plaisir à chercher des recettes des temps d’avant et à cuisiner ensuite ces nouveaux légumes. De même, une visite à la ferme peut s’avérer éducative pour les plus petits citadins notamment qui découvriront un monde auquel ils ne sont pas habitués.

Renouer avec le vrai goût des denrées est aussi une gageure réussie avec les produits locaux. Fini les légumes et les fruits plein d’eau ou le filet mignon qui diminue de moitié à la cuisson ! Croquer dans une tomate bosselée, dans une carotte tordue ou dans une fraise redevient un plaisir réel ! Le goût est sublimé par les modes de cultures naturels utilisés par les producteurs. Vitamines, nutriments et minéraux sont bien plus présents que dans les cultures intensives et apportent leurs bienfaits. Car, le locavorisme introduit aussi une notion de culture bio ou du moins raisonnée. Plus de souci de pesticides, d’engrais chimiques ou autres polluants pour le sol, manger redevient bon à la santé et les locavores, préoccupés par l’impact d’une alimentation générée en masse, est très sensible sur ce sujet. Les producteurs locaux mettent en effet un point d’honneur à proposer à la vente des produits sains et non industriels même s’ils ont dû subir une étape de mise en conservation.

L’autre atout majeur du « manger local » est le respect de l’environnement. En effet, les transports sont beaucoup plus limités et les émissions de C02 sont ainsi réduites. Plus besoin d’avions ni de bateaux, les livraisons ou approvisionnements dans les magasins, se font en camionnette sur des trajets plus courts. Les aliments ne sont plus vendus sous plastiques comme certains en grandes surfaces. Les locavores se servent notamment de sacs en papier qu’ils réutilisent ou de cagettes en bois. Certaines épiceries locavores tendent même vers le zéro déchet en fournissant des contenants recyclés et consignés tels que des pots en verre ou des pochettes en tissus lavables. Cette tendance est ainsi l’alliée de l’anti-gaspillage tant au niveau des emballages que des produits puisque nous n’achetons que ce dont nous avons besoin. Et ces consommateurs répondent de cette façon à une prise de conscience écologique de plus en plus importante et nécessaire.

Roi du circuit court, le locavorisme élimine de plus tous les intermédiaires permettant de payer au prix juste une denrée certifiée saine et assurant donc aux producteurs une rémunération meilleure. Pour l’acheteur, le prix reste ainsi abordable puisque les marges réelles sont très faibles.

Les différents modes d’achat de produits locaux

Comment favoriser le locavorisme

Manger local, c’est bien mais perdre beaucoup de temps à trouver des sources d’approvisionnement peut vite être rébarbatif ! Les acteurs du locavorisme l’ont bien compris et les concepts se développent.

Connus depuis toujours, le marché est un lieu privilégié pour les petits producteurs locaux mais, parfois, le consommateur est obligé de compléter ses achats dans un autre endroit. Idem pour les AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) qui propose contre un prix fixé par avance la livraison d’un panier de légumes et de fruits par semaine. Fort de ce constat, les regroupements de producteurs voient le jour un peu partout. Installés dans des locaux en dur ou chez un particulier, ils se regroupent et proposent à la vente les produits issus de leurs propres productions. D’autres participent, dans des magasins de producteurs, à la vente de leurs produits. Ceux-ci sont toutefois obligés de prévoir un temps de présence au magasin pour servir les clients et gérer son fonctionnement.

Les idées n’en finissent pas de fleurir pour satisfaire les envies des locavores. Dernièrement, un cuisinier a eu l’idée d’élaborer des plats tout prêts fabriqués à partir de produits exclusivement achetés localement. Idée lumineuse puisque le nombre de commandes est exponentiel.

Le locavorisme est cependant obligé de se conformer aux modes de vies trépidants de ses adeptes. Et le drive fermier est une solution qui les ravie particulièrement. Mais le concept est nouveau pour les producteurs et certains sont réfractaires, préférant la relation directe avec le client. Pourtant, ce mode d’achat répond aux demandes d’une clientèle souvent plus jeune et très impliquée.

Les avantages du drive fermier pour les producteurs

A la pointe de la modernité, ce type de magasins en ligne permet un gain de temps considérable aux clients. D’autre part, il touche un nombre beaucoup plus important de potentiels consommateurs. Regroupant plusieurs métiers, il offre un panel de produits qui va des fruits aux légumes, en passant par la viande, les produits laitiers, la charcuterie, du poisson éventuellement mais il propose aussi de l’épicerie, des produits sucrés et des boissons alcoolisées ou non. Le concept est le même que sur un marché ou un magasin en vente directe, les producteurs sont soigneusement choisis avant d’être autorisés à vendre sur ces sites et les clients sont rapidement fidélisés, d’autant plus que ces producteurs ne leur sont en général pas inconnus.

Bien conscients des réticences pouvant freiner les différents acteurs, le site foodtrack.fr met tout en œuvre pour faciliter leur adhésion à ce fonctionnement. Plusieurs possibilités s’offrent ainsi à eux notamment quant aux livraisons qui peuvent vite devenir fastidieuses.

Ainsi les clients qui passent commande dans un magasin peuvent récupérer leurs produits dans ce lieu même. Le paiement se fait en ligne et les différents producteurs concernés ne préparent la commande qu’après le paiement. Le site prend à sa charge la livraison de tout ce qui peut parvenir par colis. De même, si le producteur vend sur les marchés, il peut donner « rendez-vous » à ses clients pour récupérer une commande. Il a aussi le choix de livrer les locavores lors de tournées hebdomadaires. Dans tous les cas, les commandes sont payées dès l’achat, aucun paiement n’a donc lieu lors de la récupération des colis ou commandes.

L’inscription sur le site foodtrack.fr est relativement simple. Après s’être fait connaître et après avoir fourni divers documents, le compte est validé. Le producteur peut alors informer les gestionnaires du site sur ses possibilités d’horaires et de modalités pour les livraisons. Il ne lui reste ensuite plus qu’à alimenter son annonce avec les produits qu’il souhaite vendre en ligne.

Comment se faire connaître lorsqu’on est un petit producteur ?

Comment favoriser le locavorisme

Plusieurs moyens existent. De nombreux sites reprennent la liste des producteurs par département. Leur utilisation est aisée puisqu’il suffit généralement d’indiquer le nom de sa ville pour avoir toute une pléiade de bouchers en viande ovines, bovines ou de porcs cuisinés ou non, de volaillers proposant canards, poulets, poules, pintades, dindes, lapins et toutes les découpes associées ainsi que des œufs, de poissonniers de lac ou de mer suivant le département et des fruits de mer, de producteurs de lait et des produits dérivés, d’apiculteurs promettant des miels de différentes natures et de produits finis comme les confitures ou autres gourmandises sucrées.

Comme nous l’avons vu auparavant, les plateformes de drive regroupent plusieurs producteurs adhérant à cette philosophie de culture raisonnée voir bio et à ce concept de vente. C’est aussi une solution pour se faire connaitre lorsqu’on veut vendre en direct.

Le bouche à oreille fonctionne aussi à merveille. Les locavores s’échangent leurs bonnes adresses souvent de cette façon. Ainsi, suivant leurs besoins d’approvisionnement, l’un aura un bon réseau de tel professionnel, l’autre pourra vanter tel autre. Petit à petit, par cet intermédiaire, le consommateur parviendra à « dégoter » les producteurs lui correspondant le mieux. Il pourra ainsi tester les produits à la vente et donner à son tour l’adresse à un particulier à la recherche de produits locaux.

Le locavorisme devient, petit à petit, une nouvelle façon de consommer en pleine puissance. La proximité, le lien social, les produits extra-frais de saison, le mode de culture ou d’élevage souvent bio séduisent ces nouveaux consommateurs. Prendre soin de sa santé, de celle de sa famille et de la planète sont deux leimotiv fondamentaux pour eux. Armés de ces fortes convictions, les locavores arpentent marchés et magasins de producteurs ou se font livrés des paniers. D’autre, optent pour une commande en toute quiétude, tranquillement installé chez eux, qu’ils viendront récupérer dans un lieu défini. Quelle que soit leur façon de s’achalander, ils favorisent l’achat d’aliments aux alentours de chez eux. Ils accordent une confiance bien méritée aux petits producteurs régionaux soucieux de fournir des aliments et un service de qualité. Parallèlement, ceux-ci se mettent « au goût du jour », adoptant de plus en plus les modes de consommation de la vie moderne, comme le drive fermier.